Partout l’ambivalence règne. M. Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, s’est engagé à faire de la lutte contre l’évasion et la fraude fiscales en Europe une de ses priorités. Mais, en dix-neuf ans à la tête du gouvernement luxembourgeois, il n’a cessé d’encourager les multinationales à verser à son pays quelques dizaines de milliards d’impôts, en dépouillant les autres Etats européens de centaines de milliards de recettes fiscales leur revenant. Une anecdote suffit pour saisir l’ampleur de la fraude. En août 2009, M. Eric Woerth, le ministre du budget français, annonçait détenir une liste de trois mille évadés fiscaux présumés. Dans l’espoir d’éviter les sanctions, quatre mille sept cent vingt-cinq contribuables se sont alors déclarés auprès des pouvoirs publics pour régulariser leur situation. Parmi eux, seuls soixante-huit figuraient sur le document de Bercy.
https://www.monde-diplomatique.fr/2015/03/WARDE/52733